Ecotourisme

La vision d’un pionnier et un Domaine à l’avant-garde

Alain O’Reily a marqué la mémoire des milliers de visiteurs du Domaine du Chasseur. Ce petit fils d’Irlandais avait coutume de dire qu’il avait deux passions : le whisky et son île. C’est cet amour pour Maurice qui l’avait incité à montrer à tous la beauté intérieure de son île, à une époque où l’on ne jurait que par le lagon turquoise. Sur son Domaine, on chassait, certes, mais pour réguler les populations de cerfs et de cochons sauvages, et pour alimenter le restaurant. Mais on y faisait aussi des randonnées guidées, pendant lesquelles l’infatigable Sam faisait découvrir chaque espèce végétale rare à des visiteurs qui seraient passés à côté sans s’en apercevoir. Puis on commença a y faire du parapente et du tir à l’arc. On y organisa des « safaris photos ».

On y roula sur les premiers quad bikes de l’île. On y fit des descentes en rappel et on y dévala sur la première tyrolienne du pays. On y effectua des balades à cheval. On y dégusta un rhum arrangé unique, avant de rejoindre les petites villas ou chalets perchés sur les collines pour une nuit champêtre… Et parce que le lagon était là, tentant, Alain en fit un autre terrain de jeux…La pêche, bien sûr (toujours pour le restaurant), mais aussi l’organisation de régates en pirogues de pêcheurs, de randonnées en kayaks, de déjeuners sur un banc de sable éphémère, etc. Les tenants du « tout balnéaire », appartenant tous à de grands groupes aux ressources financières quasi-inépuisables, regardaient avec mépris cet énergumène qui se dépensait sans compter pour faire vivre un rêve qui coûtait bien plus qu’il ne rapportait…

Les Mauriciens, premiers clients de l’écotourisme

Mais à une époque où les citoyens mauriciens avaient difficilement accès aux hôtels, ils étaient nombreux à se presser tous les week-ends, au Domaine du Chasseur. Alain, qui connut, tardivement, la fortune et une certaine reconnaissance, n’oublia jamais que c’était les Mauriciens qui lui avaient permis de rester à flot. Et il était également fier de leur avoir fait découvrir un aspect de leur île qu’ils ne connaissaient pas ! Alors, quand, dans les premières années du troisième millénaire, toute l’île Maurice sembla se convertir au développement durable et à l’écotourisme, on oublia vite le rôle précurseur d’Alain O’Reily… tout en reprenant exactement les activités qu’il avait initiées…

Une myriade de « Domaines »

Aujourd’hui les « Domaines » plus ou moins directement inspirés de celui d’Anse Jonchée sont nombreux. Ils offrent à tous la possibilité de découvrir la beauté naturelle d’une île Maurice trop longtemps réduite à ses plages, ses hôtels et ses villas de luxe !

Tous les moyens de locomotion sont possibles ! A pied, pour de petites balades familiales ou de véritables randonnées plus ou moins sportives, en quad bikes –ces petites motos à quatre roues qui passent partout !-, en 4×4, à cheval ou à VTT, tous les moyens sont bons pour s’enfoncer dans la forêt et y découvrir une nature particulièrement riche. Parmi les autres activités proposées sur ces territoires éco touristiques, le tir à l’arc, la descente de tyroliennes plus ou moins vertigineuses ou, comme à Casela, près de Flic-en-Flac, un véritable safari au milieu d’animaux sauvages importés d’Afrique…

Et parce que l’île est généreuse, on trouve des « domaines » écotouristiques sur à peu près toute l’île. Au Sud, le Domaine de l’Etoile figure parmi les plus fréquentés. Associé à la réserve naturelle de la forêt de Ferney, dont il est voisin, il couvre sans doute le plus vaste espace naturel ouvert aux visiteurs. Dans le décor verdoyant de Chamarel, nombreuses sont les petites propriétés qui jouent aussi la carte de l’écotourisme… Le Domaine de Saint-Denis y est sûrement le plus réputé. D’autant qu’il se situe non loin de la Rhumerie de Chamarel, dont la visite est absolument passionnante ! Tout près de la Terre des Sept Couleurs, le Parc Aventure permet de tester son courage sur des parcours audacieux de cables tendus dans les branches des arbres. Au centre de l’île, Le Domaine de Lagrave, dont les collines surplombent le barrage de Midlands, profite de la retenue d’eau ainsi créée pour proposer des activités aquatiques : construction de radeaux, balades en kayaks, etc… Non loin de là, Les Sept Vallées, la dernière création d’Alain O’Reily, offre un vaste panorama qui s’étend des rangées de théiers du sud de Curepipe jusqu’à l’aéroport !

Les anciennes propriétés, héritées de l’époque coloniale, se visitent aussi…
De la rhumerie de Saint-Aubin au Domaine de Bois Chéri, connu pour son thé, en passant par les vergers de la Bourdonnais, non loin de Grand-Baie, c’est tout un patrimoine à la fois historique, économique, industriel, agricole et gastronomique qui permet de prendre conscience de la richesse de l’île. Dans cette logique, la démarche de Jacques de Maroussem est remarquable. Grâce à son acharnement, ce passionné est parvenu à restaurer et à faire revivre l’une des plus belles demeures coloniales de Maurice : la Maison Euréka, à Moka… A la fois restaurant, musée et salle d’exposition d’art, elle est devenue, en quelques années, un site majeur, fréquenté aussi bien par les touristes étrangers que par les Mauriciens !