Medias locaux

Une presse totalement libre

Au-delà des attraits touristiques de l’île Maurice (plages de rêve et villas de luxe en location), l’ile est également reconnue comme une authentique démocratie. Et parmi les critères qui lui valent cette reconnaissance unanime, figure la liberté de sa presse. Le grand nombre de titres qui y sont édités, le ton employé dans les colonnes de ces journaux, l’acidité des caricatures qui y sont publiées ou la liberté de parole donnée sur les antennes des radios locales peuvent surprendre le visiteur. On ne trouve, généralement, ces caractéristiques que dans de très vieilles démocraties, qui ont mis des siècles pour y parvenir… alors dans un pays qui est indépendant depuis moins de cinquante ans, cette presse débridée surprend !

C’est qu’à chaque étape importante de l’histoire de l’île, la presse a joué un rôle déterminant. S’il existait bien une « Gazette » locale au XVIIIème siècle, son rôle se limitait presque exclusivement à annoncer l’arrivée des navires, à présenter leur cargaison… et à rendre compte des représentations théâtrales ! C’est l’intention affirmée par les autorités coloniales britanniques d’abolir l’esclavage qui va susciter la création du premier « vrai » journal mauricien… Baptisé Le Cernéen (en référence au nom que donnaient les navigateurs portugais à Maurice, Isla do Cirna), et financé par les colons français, il visait à mener campagne contre ce projet abolitionniste ! Il connaîtra une belle carrière puisque, à sa disparition, en 1982, il était l’organe de presse francophone le plus ancien, avec 150 ans de parution ininterrompue ! Comme le Cernéen, les autres titres de la presse mauricienne naîtront pour défendre d’autres groupes d’intérêt…La Sentinelle, tout d’abord. Prenant le contrepied du Cernéen, ce nouveau titre faisait la promotion des élites métisses et noires d’après l’esclavage…Dès la fin du XIXème siècle, le journal Advance défendait les intérêts des « coolies » indiens venus travailler dans les champs de canne. Progressiste, Advance devait également diffuser les vues du futur parti travailliste, qui mena la lutte politique pour l’indépendance…

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Si ces trois titres historiques ont disparu, ils ont suscité d’autres vocations et l’éventail des titres disponibles aujourd’hui est particulièrement large. Faisant figure de quotidiens « sérieux », Le Mauricien et L’Express sont des journaux d’information générale. Le Défi-quotidien est perçu comme moins rigoureux… De loin la plus importante, la presse hebdomadaire comporte des titres de référence, comme Week-End ou L’Express-Dimanche, des publications plus « spectaculaires », comme 5 Plus, L’Hebdo et Le Défi, ou plus légère, comme Week-End Scope. La presse magazine, très variée, comporte des titres axes sur la cuisine, le turf, l’automobile, le tourisme, l’économie, l’informatique, etc…Bien qu’essentiellement francophone, la presse mauricienne comporte toutefois quelques titres en anglais, (comme Weekly), ainsi qu’une ou deux publications en mandarin. Quant à la langue créole, si elle traverse tous ses titres, aucun journal n’est intégralement imprimé dans cette langue…

Presse

La radio libérée

Depuis 2001, il existe, à Maurice, deux stations radio indépendantes (Radio One et Radio Plus), qui concurrencent les différentes stations de la radio nationale (la MBC). Cette « libéralisation des ondes » permet chaque jour à des auditeurs de prendre la parole pour s’exprimer librement… Une liberté parfois…débridée, mais, dans l’ensemble, plutôt responsable. Le contraste avec la télévision n’en est que plus saisissant : exclusivement étatique, la télé mauricienne, si elle produit des programmes de divertissement et des magazines satisfaisants, est unanimement critiquée pour son manque d’objectivité dans le compte-rendu de l’actualité… Et l’autorisation de création de chaînes privées semble encore peu probable ! C’est donc sur Internet que les Mauriciens s’expriment avec le plus de décontraction…et de créativité !